Le bonheur, il ne faut pas le rechercher dans l’intensité

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neurons-300x181Dans notre société ultra compétitive, nous avons l’habitude de penser qu’il en faut toujours plus… Être le premier partout, gagner à tout prix et « posséder le plus possible » sont des attitudes profondément inscrites dans notre psyché comme synonyme de réussite. Cette approche qui consiste à toujours viser le maximum est souvent appliquée par erreur à notre propre compréhension du bonheur. Les gens pensent, à tort, qu’un plaisir intense est le signe que leur tentative d’être véritablement heureux fonctionne bien.

Cependant, en essayant de chercher les indicateurs du bonheur véritable, nous négligeons un principe plutôt fondamental : le fait de placer la barre très haute en termes d’intensité va tout simplement à l’encontre même du bien-être. Bien qu’il soit bénéfique de faire des expériences agréables lorsqu’elles surviennent, ça ne fait pas de doute: comparer ces moments-là au niveau moyen où l’on se sent « à peu près bien » peut conduire à penser que « ce n’est pas suffisant ».

L’une des célèbres bandes dessinées de Calvin & Hobbes commence par un Calvin souriant qui dit : « Me voilà, heureux et satisfait. » Dans l’image suivante, il poursuit sa réflexion : «… mais pas euphorique. » Sur la troisième image, il dit : « je ne suis donc plus satisfait. Je suis malheureux, c’est un mauvais jour. » Et dans la dernière image : « Il faut décidément que j’arrête de penser dans les moments où je me sens bien. »

 

Les gens ont parfois une idée préconçue de ceux à quoi doit ressembler la joie. Ils se plaignent ainsi : « j’essaie vraiment d’être joyeux mais ça ne marche pas… » Forcer à ce point pour essayer d’être joyeux ne conduit qu’à la frustration ! Au lieu de cela, il est recommandé de prendre simplement note des moments où l’on se sent « à peu près bien ». Si votre vie a tendance à être remplie de drames et de complications intenses, vous pouvez tout simplement envisager ceci : soyez juste conscient des moments où vous ne vous sentez pas tristes. C’est un très bon départ.

On trouve ce que l’on cherche. La neuroscience appelle ce phénomène « le biais de confirmation ». Votre cerveau a tendance à percevoir ce qu’il pense être vrai et passe à côté de tout ce qui ne confirme pas cette hypothèse. Si vous pensez ne pas vivre une expérience de bonheur véritable parce que vous vous accrochez à l’image de ce qu’une expérience extatique devrait être, vous ne cesserez de renforcer cette croyance.

Cependant, si vous voyez les moments « à peu près bien » (les moments où vous ne souffrez pas) comme des moments dignes d’appréciation, vous ouvrez un canal de bien-être véritable et plus vous remarquez ces moments et les intégrez, plus fort sera l’afflux naturel de bien-être véritable. Et cela ne se fait pas en force mais simplement grâce à une attention sage et douce. Comme l’indique l’expert en neurosciences Rick Hanson : « Le cerveau, c’est comme le Téflon pour les expériences positives et comme le Velcro pour les expériences négatives ! »

Quand vous arrêtez simplement de chercher des états extatiques, vous pouvez découvrir la joie dans les moments les plus simples et les plus banaux qui soient. Edith, une étudiante allemande, avait, pour une raison ou pour une autre, placé sur un pied d’égalité la joie et les expériences positives intenses. Mais lorsqu’elle s’est mise à arrêter de rechercher ces expériences et s’est ouverte à une simple sensation de bien-être, elle a commencé à vivre différemment ses expériences de vie. Elle l’exprime de cette manière :

« J’ai remarqué qu’il y avait déjà beaucoup de joie et aussi à quel point je recherchais une espèce de joie « spirituelle » ultra mondaine, plus profonde et plus durable que notre joie ordinaire, que je n’atteindrais que si je m’entraînais très dur et de la bonne manière. En ayant ce concept en tête et en cherchant cet autre type de joie, j’ai loupé une quantité incroyable d’occasions d’éprouver de la « joie ordinaire ». Maintenant que je me focalise sur ces moments, que je les apprécie et que je les ressens plus intensément, je suis très heureuse et parfois, je suis même dépassée par toute la joie et toute la gratitude que j’éprouve dans ma vie. »

Dans les instructions des maîtres bouddhistes sur cette pratique du cœur que l’on appelle « l’amour-bienveillance » ou la méditation metta, on peut parfois penser que le terme « Amour–bienveillance » est si élogieux et noble que l’on imagine jamais atteindre cet état. Il est alors suggéré de se connecter avec le sentiment très simple de bienveillance ou de gentillesse envers soi-même ou quelqu’un d’autre. Cela devient beaucoup plus accessible et cela va permettre à une douce circulation de bienveillance de s’installer, et c’est exactement ce que l’on recherche.

Dans la conception bouddhique du bonheur, les états subtils de bien-être sont, au final, plus durables et plus satisfaisants. Par exemple, aussi magnifique qu’elle soit, l’extase est considérée comme un niveau de bonheur grossier et peu subtil, qui, après une certaine durée, devient même négatif pour notre système. La joie, puis le bonheur, puis finalement le contentement total sont considérés comme des états bien plus évolués et bien plus gratifiants. Sur le plan ultime, la paix profonde est l’état le plus satisfaisant de tous et on dit qu’il est le précurseur du véritable éveil.

Donc, si vous essayez de cultiver un véritable bien-être en vous-même, essayez d’abord de lâcher la recherche d’une expérience d’une forte intensité. Une joie spontanée viendra naturellement si vous appréciez véritablement les simples moments de bien-être dans votre vie.

 

Source : James Baraz, cofondateur et enseignant au Spirit Rock Meditation center et co-auteur de Awakening Joy, pour Institute of Noetic Siences.